Des news du front

4h, heure de Paris. Mon ami, pendant que tu dors, et pendant que je suis tranquillement installée à te raconter ça, selon des témoignages concordants, des émeutes auraient éclatées ce soir à Hammamet, suite à la tentative d'immolation par le feu d'un jeune homme devant un poste de police, entraînant des affrontements: jets de pierre, lacrymogènes et des tirs de sommation. Nous en sauront plus demain, et je ne manquerais pas de t'en informer.

Une chose est sûre, c'est que les émeutes se propagent à travers le pays. Ce soir, Sousse à été le théatre de manifestations anti-Ennahdha, et Sidi-Bouzid, berceau de la révolution, entend bien ne rien lâcher, et multiplie les coups d'éclat: des affrontements avec la police ont éclatés dans la nuit de jeudi 9 à vendredi 10 août suite à une manifestation contre le gouvernement, faisant un blessé par tirs de balles en caoutchouc, et 4 intoxiqués par les gaz lacrymogènes. Le week-end dernier, dans une localité proche de Sidi Bouzid, des manifestants protestant contre des coupures d'eau avaient eux aussi été dispersés sans ménagement. 

Ce gouvernement semble faire la sourde oreille, jetant même de l'huile sur le feu en ne reconnaissant pas le caractère national de ces soulèvements.

Jeudi soir, le ministre de l'Intérieur Ali Laârayedh avait dénoncé les agissements d'une "minorité".

"Nous respectons le citoyen mais nous respectons aussi la loi (...) nous ne voulons pas qu'une minorité impose ses opinions à la majorité, faute quoi nous deviendrions un Etat désorganisé et, Dieu nous en préserve, notre démocratie serait dévoyée", a-t-il déclaré.

"Les revendications du peuple relatives à l'amélioration de sa situation sociale deviennent de plus en plus insistantes mais malheureusement le gouvernement n'est pas au service de ce peuple", a déploré Mohamed Ghadri du Parti républicain.

Retard dans le paiement des salaires à Sidi Bouzid, coupures d'eau qui s'éternisent malgré une chaleur torride, accumulation des déchêts dans les rues, projets de lois indécents sur "l'atteinte au sacré", ou remise en question de l'égalité homme-femme dans la société tunisienne, sont les gros points de revendication de ce peuple qui s'échine chaque jour davantage contre un régime religieux déguisé en démocratie et qui semble sourd et aveugle.

Si l'on ajoute à ça plusieurs séismes économiques: scandale des salaires indécents des élus de l'ANC, le rapport de la cours des comptes qui épingle près de la moitié des partis du pays dont le CPR, parti de la Présidence de la République, et le dîner de l'iftar (rupture du jeûne) à l'hôtel Golden Tulipe,  auquel le parti Ennahdha a convié mercredi 8 août 1200 invités (ambassadeurs, hommes d'affaires etc...), on comprend aisément les vagues  de révoltes qui secouent le pays.

A ce rythme là, nous aurons bientôt de nouveau à faire face à un tsunami révolutionnaire.