Ils peuvent tuer le révolutionnaire mais pas la révolution.

Ce lundi 5 Août, Sofiene Chourabi, journaliste, a été arrêté à 5 heures du matin, alors qu’il campait avec des amis, Mehdi Jlassi et Asma ben Moussa. Raison invoquée ? Il avait bu de l’alcool. Ce qui chagrine bien entendu nos amis intégristes, parce que d’une part, ils n’ont pas le droit d’en boire, et d’autre part, c’est Ramadan encore. Blablabla. On a pu lire absolument tout  et n'importe quoi sur la toile: d' « Alcool pendant le Ramadan = irrespect », à « atteinte aux bonnes mœurs », en passant évidemment par « Ivresse publique et manifeste », IPM qui est bien évidemment réprimée par la loi. Bref, on leur aura tout sorti les pauvres.
En fait, ils dormaient bien tranquille sur leur petit bout de plage à l’abri des regards indiscrets. Quoi qu’il se soit réellement passé, qu’ils aient bu ou non, le chef d’accusation « d’atteinte aux bonnes mœurs » n’a pas été retenu. Encore heureux.

La réponse à tout ça se trouve peut-être dans le fait que Sofiene soit déjà sur une liste noire, et qu’il n’a suffi  que d’un délateur pour envoyer nos trois amis direct à l’ombre.

En attendant, hier soir, à 21h sur l’avenue Bourguiba à Tunis, comme à chaque fois que le peuple se voit contraint de se rappeler au bon souvenir de ses dirigeants, se sont rassemblés des révolutionnaires, qui ne souhaitent pas se laisser intimider ni s’installer cette satanée Charia, si chère aux islamistes.

Ce rassemblement, non autorisé par les autorités, a été aussi rapidement que violemment réprimé.

http://www.lecourrierdelatlas.com/305906082012Tunisie-Sofiane-Chourabi-relache-apres-une-nuit-de-violences-a-Tunis.html#.UB_kpbFQUKQ.facebook

Asma n'est finalement pas poursuivie et seuls Sofiene et Mehdi devront répondre à une accusation d’état d’ébriété. En plein sommeil. A 5h du mat’. Bien sûr. Ce soir ils sont tous libre, et j'en suis personnellement heureuse et rassurée.

Quoi qu’il en soit, nous restons près d’eux en pensée, et espérons qu’ils n’écoperont pas des quelques jours d’emprisonnement et de l’amende prévus dans ce genre de cas.

 Ne se sentiront concernés par le message suivant que ceux  qui ne réagissent à aucune actualité, ni ne se sentent touchés par rien. C'est à ceux-là que je m'adresse:

Vous attendez quoi, vous qui êtes dans vos petits conforts, pour dénoncer ces agissements, c'est trop loin pour vous ? Pas assez noble ?

Vous qui fermez les yeux pour ne les ouvrir que sur "Plus belle la vie", TF1 ou "Les anges de la télé-réalité". Vous ne pouvez pas, ou vous ne voulez pas agir ? Il suffirait de faire tourner les informations quand vous êtes sur facebook. Il suffirait que vous preniez le temps de lire les articles, vous renseigner, au lieu de lire le dernier Marc Lévy. 5 minutes de votre temps, par jour. 5 minutes pour sensibiliser votre entourage. Je ne vous demande pas de prendre les armes. Je ne vous demande pas de partir sur place, partout où la liberté est muselée, piétinée. Je ne vous demande pas un effort surhumain. Simplement de prendre conscience que l'urgence n'est pas de savoir si vous préférez un abat-jour bleu ou rose, si vous allez manger Quick ou Mcdo ce soir, si vous préférez que le petit dernier rentre à l'école avec un cartable Dora ou Spiderman.

Je vous supplie de prendre 5 minutes de votre temps quotidien sur les réseaux sociaux pour  servir des causes bien plus grandes que nous tous. La liberté, où qu’elle soit dans le monde doit être servie par tous.

Nous ne voulons plus de Pussy Riots ou de Sofiene Chourabi emprisonnés pour avoir pris position contre des idéologies religieuses élevées au rang de loi, qui plus est injustes et liberticides.

Nous ne voulons plus avoir à nous battre pour avoir le droit de dire que nous ne sommes pas d’accord avec des idéaux religieux ou politiques, nous ne voulons plus avoir à nous battre  contre des directeurs de pensée, nous ne voulons plus à avoir à nous battre parce que nous sommes épris de liberté, parce que c’est un DROIT de l’être humain, et que certains veulent nous le confisquer.

Je veux être libre de penser, dire, critiquer, railler, débattre  des positions politiques, philosophiques et religieuses. Parce que ce ne sont que des idées. Ce n’est pas vous en tant que personnes que je critique, que je raille ou que je refuse.

Je veux être libre, je veux que vous soyez libres, nous avons le devoir de l’être.